Les voeux de F.Asselineau et de L'UPR pour l'année 2013, sous la forme d'un petit comparatif >
Pour commencer cette nouvelle année 2013, j'avoue que je n'ai guère envie de commenter les vœux pathétiques que François Hollande a prononcés à la télévision le 31 décembre au soir.
Comme le nouvel occupant de l'Élysée nous y a désormais habitués, il a administré aux Français un discours d'une banalité affligeante, ponctué d'exhortations machinales, d'effets d'annonces sur des usines à gaz administratives incompréhensibles, et de promesses incantatoires qui ne convainquent personne (à commencer par le fait que... « la zone euro a été sauvegardée »).
On a d'ailleurs appris ce 4 janvier que, selon un sondage BVA, 38% des personnes interrogées ont trouvé François Hollande « pas vraiment convaincant », et 25% « pas du tout convaincant », soit un total de 63%.
En d'autres termes, deux Français sur trois n'ont pas cru à ces vœux, prononcés d'ailleurs de façon saccadée, maladroite et à toute allure, comme un acteur novice monté inopinément sur la scène et pressé d'en finir.
M. Hollande porte tellement en lui l'ennui, la banalité et la malchance que le quotidien Libération rapporte méchamment que les équipes de tournage ont dû s'y prendre à quatre reprises pour filmer cette allocution. À la première prise de son, une porte a malencontreusement claqué dans le fond de la salle des fêtes de l'Élysée. À la deuxième prise de son, le président a « bredouillé ». À la troisième prise de son, il s'est soudain avisé que son texte n'était pas bon et qu'il devait le « repatouiller » . Ce n'est qu'à la quatrième prise de son que l'on a eu droit au chef d'œuvre diffusé sur les ondes... source : "le point"
Tout cela, bien sûr, serait sans intérêt si le fond du discours avait été un tant soit peu à la hauteur des enjeux du moment. Il n'en a évidemment rien été. Le seul élément un peu notable sorti de ce robinet d'eau tiède a été l'annonce faite par le président de la République qu'il avait comme « seul but » [ sic ! ] pour 2013 d'« inverser la courbe du chômage d'ici un an », en ajoutant que « nous devrons y parvenir coûte que coûte ».
Outre qu'il est spécialement piteux d'avoir ce modeste objectif comme « seul but » lorsque l'on est à la tête de la France, il est clair que cette promesse est suffisamment vague pour qu'elle ne contienne aucun engagement concret. Si ce n'est, peut-être, les prémisses d'un nouveau démantèlement des protections sociales et des salaires minima (ce qui donnerait alors à la formule « coûte que coûte » un parfum particulièrement cynique).
Mais il y a plus grave. C'est que cette allocution télévisée a montré de façon éclatante que François Hollande n'est pas à la hauteur de la fonction éminente qu'il occupe. Une fonction à laquelle les Français ne l'ont élu que par défaut, à la suite d'un concours de circonstances et d'un verrouillage médiatique féroce.
Tout au long de cette brève émission, je n'ai pu me défaire du sentiment d'avoir devant moi un étudiant intimidé et peu sûr de lui, sachant intérieurement qu'il est incompétent sur de nombreux sujets, et prenant l'air gauche et emprunté de celui qui passe le Grand Oral d'admission à l'ENA. À aucun moment, il ne m'a donné l'impression d'être cet homme d'État courageux et lucide, ce roc inébranlable dans la tempête, cet expert de la géopolitique mondiale, et ce défenseur déterminé et sincère du peuple français, dont notre pays a tellement besoin.
Du coup, je ne peux m'empêcher de faire la comparaison avec ce que pouvait dire et penser Charles de Gaulle, dans cette « réflexion de Nouvel An » qu'il fit à son ministre Alain Peyrefitte il y a 50 ans jour pour jour, le 4 janvier 1963.
L'extrait qui suit n'est pas, il est vrai, tiré d'une allocution publique, mais d'un propos en confidence tenu par le fondateur de la France Libre à son ministre de l'information. Mais peu importe : il permet de mesurer l'abîme extraordinaire qui sépare le niveau de lucidité, de réflexion et de courage entre deux présidents de la République française à un demi-siècle d'intervalle.
Salon doré [de l'Élysée ]- 4 janvier 1963
Le Général m'offre en étrennes une réflexion de Nouvel An - l'ouverture d'une nouvelle époque pour la France et l'Europe :
« Nous avons procédé à la première décolonisation jusqu'à l'an dernier. Nous allons passer maintenant à la seconde. Après avoir donné l'indépendance à nos colonies, nous allons prendre la nôtre. L’Europe occidentale est devenue, sans même s'en apercevoir, un protectorat des Américains. Il s'agit maintenant de nous débarrasser de leur domination. Mais la difficulté, dans ce cas, c'est que les colonisés ne cherchent pas vraiment à s’émanciper. Depuis la fin de la guerre, les Américains nous ont assujettis sans douleur et sans guère de résistance.
« En même temps, ils essaient de nous remplacer dans nos anciennes colonies d’Afrique et d’Asie, persuadés qu'ils sauront faire mieux que nous. Je leur souhaite bien du plaisir.
« Les capitaux américains pénètrent de plus en plus dans les entreprises françaises. Elles passent l'une après l'autre sous leur contrôle.
« Il devient urgent de secouer l’apathie générale, pour monter des mécanismes de défense. Les Américains sont en train d’acheter la biscuiterie française. Leurs progrès dans l’électronique française sont foudroyants. Qu’est-ce qui empêchera IBM de dire un jour : « Nous fermons nos usines de France, parce que l’intérêt de notre firme le commande » ? Qu’est-ce qui empêchera que recommence ce qui s’est passé l’autre année pour Remington à Vierzon ? Les décisions se prennent de plus en plus aux États-Unis. Il y a un véritable transfert de souveraineté. C'est comme dans le monde communiste, où les pays satellites se sont habitués à ce que les décisions se prennent à Moscou.
« Les vues du Pentagone sur la stratégie planétaire, les vues du business américain sur l’économie mondiale nous sont imposées.
« Bien des Européens y sont favorables. De même que bien des Africains étaient favorables au système colonial : les colonisés profitaient du colonialisme. Les nations d'Europe reçoivent des capitaux, certes ; mais elles ne veulent pas se rendre compte que ces capitaux, c'est la planche à dollars qui les crée ; et qu'en même temps, elles reçoivent aussi des ordres. Elles veulent être aveugles. Pourtant, à la fin des fins, la dignité des hommes se révoltera. »
Charles de Gaulle, 4 janvier 1963
NON, Mesdames et Messieurs, vous ne rêvez pas!
C'est bien une allocution du Général de 1963!!
Appréciez la différence et mesurez le chemin parcouru de 1963 à 2013, par un président de "gauche-bobo", atlantiste, neolibéral et ultrasioniste!
Comme le faisait justement remarquer A.Soral en 2003/2004:
"Jusqu' oû va-t-on descendre"?