maraboo666 a écrit:Les 2 contestations commencent effectivement à peu près en même temps fin 2013...
Je pense que tu as raté le point développé par Cartalucci.
Ce qu'il essaye de mettre en lumière surtout c'est l'attitude résolument inverse de la diplomatie US face à deux "révolutions" (pas au sens social bien sûr, mais au sens juridico-politique comme Sapir analyse le changement de régime à Kiev) contre des gouvernements élus.
D'un côté (Ukraine), les USA organisent et financent la révolte contre un gouvernement élu. Une fois celui-ci renversé, ils valident le nouveau régime et le considèrent comme seul légitime. Ceux comme la Russie s'étant opposés au putsch sont frappés de sanctions.
De l'autre (Thailande), les USA soutiennent et financent des mouvements sociaux et politiques pro-gouvernementaux pour tenter d'empêcher une révolution. Les mouvements d'opposition sont qualifiés d'antidémocratiques. Tout renversement éventuel du gouvernement est dénoncé à l'avance comme un "coup d'état" forcément illégitime (même s'il est opéré par les Cours de Justice thailandaises). Et Washington promet des sanctions sur la Thailande en cas de renversement de son pantin...
maraboo666 a écrit:Qu'envisagent de faire les "opposants" qui rassemblent pour le moment une coalition totalement hétéroclite (déclarations, programmes etc...) de véritablement révolutionnaire qui mettrait en péril les anciens petits arrangements entre amis conclus entre L'Oligarchie financière US et les "rouges"?
Ne pourrait-on imaginer que les anciens appuis corrompus de l'occident devenant de plus en plus une "planche pourrie", il s'agirait au contraire d'effectuer un sérieux ménage gouvernemental pour remettre en selle de nouveaux appuis atlantistes encore plus sûrs, motivés et serviles que les anciens?
Je suis loin de faire confiance au PDRC, au Parti Démocrate et à leurs leaders, tu l'auras sans doute compris.
Pour autant, trouver "plus servile" aux intérêts US que la famille Shinawatra pour gérer la Thailande, je crois que c'est peine perdue si certains officiels étasuniens misent vraiment sur ce scenario...
Dans l'immédiat, sans même parler de Révolution sociale en Thailande, l'urgence est surtout de déboulonner ce clan et de débarrasser le pays de sa main-mise qui conduit comme on le voit à un pillage direct de l'économie du pays par les USA.
L'opposition est en effet très diverse et hétéroclite. Pour cette raison, nn ne peut pas prévoir grand chose pour le moment de l'avenir des réformes institutionnelles ou sociales demandées par les uns ou les autres.
L'opposition n'est d'accord pour le moment que sur un programme minimum qui est celui-ci.
1- Pas de loi d'amnistie pour Thaksin et son clan
Les investigations judiciaires sur leurs malversations doivent être poursuivies, sans aucune garantie d'impunité pour quiconque. Les biens de la famille Shinawatra doivent être saisis et leurs entreprises nationalisées. Les soeurs de Thaksin et ses autres complices doivent être empêchés de quitter le pays.
2- Retour à l'Article 190 de la Constitution
qui empêchait le gouvernement de signer des traités internationaux sans l'accord préalable du Parlement.
C'est ce qui avait empêché Thaksin en 2004 de signer un accord de libre échange avec les USA contre l'avis du Parlement.
Sa soeur Yingluck a réussi à faire abroger l'article 190 de façon à ce que la "famille" ait désormais les pleins pouvoirs.
3- Re-nationalisation du pétrole et du gaz thailandais (PTT)
4- Interdiction des OGM et des brevets sur le vivant
qui conduisent les paysans thaïs à devenir complètement dépendants de multinationales comme Monsanto, une sorte de servage moderne.
Ok, ce programme est vraiment un strict minimum (je le trouve aussi timide que celui du Front de Gauche en France, ce qui n'empêche pas le FdG de soutenir Thaksin ). La Thailande pourrait aller beaucoup plus loin pour recouvrer sa souveraineté nationale. Malgré tout, ce serait déjà une avancée nécessaire, ou plutôt un gros coup de frein à la politique menée depuis 15 ans visant à transformer la Thailande en colonie étasunienne.