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L'arnaque de la "réforme" des retraites

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Re: L'arnaque de la "réforme" des retraites (Jacques Sapir)

Messagepar Stephane le Jeu 9 Jan 2020 00:10

Un article de Jacques Sapir, liant la réforme des retraites à la question de l'Euro :

L’Euro, question cachée de la réforme des retraites

Le mouvement de grève contre la réforme des retraites est entré dans son deuxième mois. Ce simple fait, au-delà des fluctuations normales du nombre de grévistes, en particulier dans les transports, indique bien que l’on est passé d’une question sociale à une question politique. La mobilisation de catégories que l’on avait peu l’habitude de voir dans la rue (comme les avocats), le refus d’une majorité des Français d’un « âge pivot », témoignent de la profondeur du rejet du projet gouvernemental. Un projet, il faut bien le dire, qui a été largement défiguré par la reconnaissance du statut spécial de nombreuses professions…Cette grève est d’ores et déjà historique, et ce quelle que soit l’ampleur de la mobilisation du 9 janvier. Par delà les positions des différents syndicats et celles du gouvernement, il faut reconnaître un problème évident : l’ensemble des acteurs à les mains liées par le problème de la compétitivité de l’économie française. Dit autrement, la question de la réforme des retraites est inséparable de la mise en concurrence directe des systèmes sociaux dans les pays de la zone euro. Derrière la question de la réforme du système, de son équilibre, se profile celle de l’euro.

UN PIVOT POLITIQUE ?

La question de l’âge pivot concentre aujourd’hui les débats. Le Premier-ministre, M. Edouard Philippe, en fait un symbole de sa volonté d’aboutir à un équilibre sans toucher aux cotisations. La CFDT, et dans une moindre mesure l’UNSA, font de son retrait un préalable pour de réelles négociations.
L’âge de 64 ans pose un vrai problème en cela que le taux d’activité, qui est encore de plus de 70% à 59 ans tombe à 19% pour 64 ans. Le principe d’un « malus » en-deçà de 64 ans revient à pénaliser une grande partie des futurs retraités qui ne pourront pas, même s’ils le voulaient, travailler jusqu’à 64 ans.
Mais, l’âge pivot est aussi un leurre. Serait-il retiré que le problème général d’une retraite « à points » resterait le même. Le mode de fixation du point, même fixé par une loi (et donc susceptible d’être fixé différemment par une autre loi) soulève un véritable problème. Les courbes d’évolutions dans le temps des salaires étant ce qu’elles sont en France, la prise en compte de toute la carrière aboutit MECANIQUEMENT à baisser les pensions, et en particulier pour les fonctionnaires.
D’une manière générale, l’universalité du système, qui fut tant vantée par le gouvernement, est un mythe. Les situations sont trop différentes, par exemple en ce qui concerne la pénibilité du travail, un terme qui va plus loin que la pénibilité directement physique avec l’apparition puis l’explosion ces dernières années des maladies dites « stress-induites », pour qu’un système universel soit simplement possible.

LE MAUVAIS BERGER ?

On l’a entendu sur les différents médias, Laurent Berger, le dirigeant de la CFDT, propose de séparer l’aspect systémique de la réforme (le basculement vers un système « à points ») de la recherche d’un équilibre financier. Mais, il est à craindre que sa proposition de conférence générale sur le financement des retraites ne serve qu’à duper les travailleurs. Il y a à cela deux raisons :
- La position de Laurent Berger ne traite pas le fond des problèmes posés par le système dit « à points », soit la question de la pénibilité et celle de la courbe temporelle des rémunérations. Or, tout axer sur la question de l’âge pivot en oubliant des questions est un sinistre jeu de dupes.
- La seconde raison est que toute conférence générale sur le financement va se heurter à la résistance patronale à l’accroissement de leurs cotisations. Elle ne peut donc qu’aboutir à un relèvement des cotisations des salariées. La ponction sur le pouvoir d’achat aura des effets tant sociaux que macroéconomiques redoutables.
Toute proposition doit être jugé à l’aune du rapport de force dans lequel elle s’inscrit, ou qu’elle permettrait de créer. Force est de constater que la proposition de Laurent Berger affaiblit de manière substantielle la position des futurs négociateurs syndicaux…

L’EURO, QUESTION CACHEE

Il y a une question cachée dans cette réforme des retraites. C’est celle de la compétitivité de l’économie française. Comment peut-on imaginer que nous soyons passés d’un ratio de 4 actifs pour 1 inactifs à la fin des années quarante à un ratio de 1,7 pour 1 aujourd’hui sans prendre en compte les immenses progrès de la productivité du travail ? Mais, cette question en pose aussi une autre : du moment que les économies des pays de la zone Euro sont mises en concurrence sans le filtre possible d’une modification du taux de change, ce ne sont plus nos économies qui sont en concurrence mais nos systèmes sociaux. Or, l’Union européenne se refuse à établir la règle de convergence sur la situation du pays où le système social est le plus avantageux pour les travailleurs. C’est bien pourquoi l’Euro, et accessoirement l’UE, sont des questions cachées de cette réforme.
- Le problème de la compétitivité empêche le relèvement des cotisations patronales. Même s’il est faux de dire que le CICE a créé 1 millions d’emplois (la réalité est plus de l’ordre de 300 000 à 400 000 emplois, car ce sont les entreprises qui ont le moins bénéficié du CICE qui ont paradoxalement créé le plus d’emplois), il est clair qu’à taux de change constant, tout relèvement des cotisations aura des conséquences néfastes sur l’emploi.
- Ce problème voit ses effets décuplés dans la surévaluation, de 17% à 25% de l’économie française face à l’Allemagne. Il suffit de consulter les « External Sector Report » publiés par le FMI pour le vérifier. De fait, le CICE n’a fait qu’éponger une partie de cette surévaluation. Sans elle, et donc sans l’Euro, il n’aurait pas été nécessaire.
C’est pour cela qu’il y a aujourd’hui une vérité à dire bien haut : seule, la dissolution de la zone Euro et le retour à notre monnaie nationale peut redonner des marges de manœuvres sur la question des retraites.

De tout cela, une leçon s’impose. L’européisme, c’est à dire la fétichisation des institutions européennes et de l’Euro, est une machine de guerre contre les droits sociaux, en France et dans les autres pays.
L’européisme, c’est l’ennemi !
Stephane

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