azorgues a écrit:Il y a énormément de fluctuation sur l'or.
Il y a tout de même une différence essentielle de nature avec le genre de fluctuations observables sur les marchés actions/obligataires ou de devises papier.
La valeur de l'or ne peut pas tomber à zéro, alors qu'une action, une obligation, ou une devise genre euro ou dollar est forcément condamnée à atteindre ce zéro à plus ou moins brève échéance. C'est en cela que l'or est non pas un investissement, mais une simple assurance contre ce risque de perte totale de ces autres formes de placements, risque que les gens font semblant d'oublier lorsqu'ils comparent la valeur de promesses papier à celle d'un métal référent monétaire depuis 2500 ans.
Depuis que l'or est sorti de sa léthargie en 1999, il s'est remis à fluctuer, mais globalement entre un plancher constitué par son prix d'extraction (quelques bréves incursions en dessous en 2008 et en 2013 qui étaient des opportunités à saisir) et un plafond que personne ne connaît mais qui n'a pour le moment pas égalé le pic de 1980 en dollars constants (2400$).
Acheter de l'or en 2015 à son coût d'extraction pour un horizon d'au moins 20 ans me semble loin d'être idiot, même s'il y avait évidemment de meilleures possibilités l'année dernière à la faveur du dernier excès baissier.
Je ne vais pas donner d'avis sur les deux possibilités évoquées, sinon pour rappeler que les "processus infinis" n'existent pas lorsqu'on parle de deux devises nouvelles-nées comme l'Euro ou le dollar post-Bretton Woods, nécessairement condamnées à disparaître un jour. La durée de vie de ce genre d'expériences monétaires dans l'Histoire a toujours été de quelques décennies, il n'est donc pas exclu que nous risquions de connaître de notre vivant la mort de l'une ou l'autre de ces devises papier.
L'une des données à prendre en compte lorsque l'on aborde le sujet de l'investissement en or est d'abord de comprendre que le prix de ce métal est influencé par des manipulations qui limitent son appréciation à la hausse.
Une fois ce fait compris et admis, le fait de se focaliser sur l'
or physique sonnant et trébuchant est une évidence.
Des places de marché comme le Comex de Chicago ou le LBMA de Londres, contrôlées par une poignée de banques occidentales et où l'or est coté en dollars, sont des aberrations condamnées à la faillite dans une situation de marché où l'Asie représente plus de 80% des transactions réelles de métal.
Une fois ce verrou sauté, personne ne peut prédire à quels cours monteront les cours de l'or.
Le jeu de la Chine est important à prendre en compte puisque ce pays a le pouvoir à lui seul de décider de mettre fin, du jour au lendemain, à la manipulation du prix de l'or.
Les chinois ont compris depuis longtemps quelle était la stratégie de la Fed à propos de cette manipulation de l'or, c'est ce qu'avaient montré des fuites sur des cables d'ambassades.
Et pourtant, pour le moment, les chinois ne font rien (à part accumuler tranquillement de l'or). Certaines mauvaises langues pourraient même dire que les chinois se sont abstenus volontairement de faire échouer la manipulation de l'or, en profitant pour acquérir l'or de l'occident à prix de braderie dans le contexte du grand transfert de richesses à l'oeuvre entre l'Ouest et l'Est, et ne souhaitant pas faire de vagues jusqu'à l'inclusion du yuan dans les DTS du FMI et au lancement de leur AIIB qui sont des préludes à leurs projets d'un nouveau Bretton Woods dont ils seraient les maîtres.
Maintenant que la question de l'inclusion du yuan est un fait acquis à échéance de quelques mois et que le lancement de l'
AIIB chinoise est un succès grâce à la défection de nombreux pays vassaux des USA, la question se pose de façon encore plus brûlante : que vont faire les chinois ? quelle est leur prochaine étape dans leur stratégie de "dédollarisation du monde" ? Ce qui est sûr, c'est que l'or sera un paramètre incontournable dans leur stratégie et dans la perspective d'un monde où la Chine et l'Inde seront (re)devenues les premières puissances mondiales.