Bonjour,
Suite à un message privé de Stéphane, je viens vous rendre compte de ce que j'ai pu constaté de Nuit Debout sur trois villes différentes et mes impressions générales.
Tout d'abord, j'ai été parmi les premiers à me joindre à la partie place de la République à Paris dès la première nuit. Durant 48 h tout se passa bien. J'y ai rencontré Frédéric Lordon qui me confia même son numéro de téléphone, j'ignorais à ce moment là qu'il serait assez stupide pour donner du crédit aux publications dites "antifas" sur lesquelles je reviendrai plus tard.
Durant les deux premières nuits donc, l'ambiance était bon enfant. Des rencontres, des discussions avec une population hétéroclite mais globalement jeune, peu affectée par l'oppression sociale que la grande majorité d'entre nous subissons (très peu de gens venant des quartiers populaires) si ce n'est quelques marginaux plutôt paisibles se mêlant à nous.
A la troisième nuit, un service d'ordre apparaît mandaté par "la commission Accueil et Sérénité" composé de nervis d'extrême gauche. Je suis malheureusement reconnu par ces derniers, sans doute du fait que l'agence infolibre a filmé ma seule prise de parole au second soir, invitant les participants à adopter des stratégies de contournement de la maréchaussée en plus de rassemblement devant les médias pour pallier aux premières déconvenues constatées la veille sur ces sujets.
Etant un activiste quelque peu iconoclaste et militant (entre autre) pour que nous restaurions notre indépendance nationale par la sortie de l'U.E ; l'euro et l'OTAN, je subissais depuis un peu plus de deux années de façon irrégulière une campagne de diffamation sur le web par les fameux sites dit "antifas" visant à me qualifier tour à tour de "nationaliste" ; "confusionniste" et comme ça ne mange pas de pain, directement de "fasciste".
Les organisateurs parisiens étant affiliés à ce que j'appelle la gauche de posture (s'intéresse aux effets des politiques publiques, non leur racine ; moralisatrice mais sans fond intellectuel) et pour l'essentiel composée d'étudiants bobos de Tolbiac et Science-Po ; ont donc missionné ce service d'ordre pour m'expulser de la place publique. J'y reviendrai cependant cinq autres fois et m'y ferai encore expulsé par trois fois.
A partir du troisième jour, des militantes féministes particulièrement excitées et prônant "des commissions non mixtes" investissent les lieux avec des vegans pas moins énervés, des militants de B.D.S hystériques (il ne s'agissait même plus de discuter d'une résolution du conflit israélo-palestinien mais appeler à la disparition d'Israël) ainsi que des associations pro-migrants. A la tribune, différentes personnes se relaient (visiblement en lien avec l'organisation) pour soutenir les premiers excités qui dans des cortèges sauvages, insultaient et caillassaient les flics sans que ces derniers répondent. La Convergence des Luttes devra donc intégrer les combats associatifs particuliers et les violences, tout en s'affranchissant de toutes les personnes qui pourraient venir propager des idées ou informations jugées "fascisantes".
Sauf s'agissant de personnalités ayant les faveurs de nos étudiants bobos-gauchos ; la Tribune n'est consacrée au final qu'aux prises de paroles du public avec une règle de deux minutes pour chaque intervenant. Les conférences portant sur différentes thématiques, qu'elles portent sur des grands sujets politiques ou des méthodes de résistance, ne sont pas les bienvenue ne serait-ce que quelques journées par semaine, histoire de créer des débats et ateliers par thématique, et commencer un peu à nous organiser tant sur l'aspect intellectuel que sur une méthodologie d'occupation pacifique de la capitale.
La suite, vous l'avez constaté comme nous tous dans les actualités. Des débordements continuels dûs à des "casseurs" issus des mouvances dites "antifas" ou black bloc, avec toutes les difficultés que cela suppose pour créer une certaine intelligence de travail avec les flics. Un slogan que j'entendrai répété à l'envie dans les cortèges est "tout le monde déteste la police".
En vérité, la majorité des participants à Nuit Debout ne s'inscrivent ni dans cette idéologie, ni ne cautionne les violences de ces petits voyous. Mais sous couvert d'accepter tout le monde et toutes les formes de lutte, à aucun moment il ne sera possible de faire trancher aux assemblées une décision claire sur le rejet de ces violences en pratique (mandat donné à un service d'ordre pour éviter cela), pas plus que l'on fera respecter la Liberté d'expression, du fait qu'après chaque vote en ce sens, les trolls bobo-gauchos feront voter des résolutions portant sur "les valeurs" susceptibles d'être accueillies et entendues sur la place de la République. Une autre technique consiste à intimider l'Assemblée via une trentaine d'individus qui beugleront le plus fort que possible à une proposition plutôt polémique, afin que les gens plus en arrière soient influencés à voter "comme les autres", même si les autres sont minoritaires.
A Nantes, une conférence sur la place du Bouffay, ainsi qu'une intervention des Gentils Virus sera annulée sitôt que des "alertes antifas" préviendront les organisateurs locaux de mon "extreme-droititude". J'y suis allé près de deux mois après le début du Mouvement, et je ne trouverai sur place que moins d'une centaine de personnes, dont une petite quinzaines de jeunes me regardant avec insistance, mais sans pour autant m'agresser comme à Paris. L'un d'entre eux ne pourra cependant pas s'empêcher de hurler sa fatwa en fascisme pour la forme à mon intention.
A Toulouse, près de deux cent personnes et un état d'esprit nettement plus détendu. Les "antifas" sur place se font gentiment recadrer par la majorité des gens dès qu'ils partent dans leur délire. Tout le monde peut parler, mais je n'ai pas constaté cependant une organisation amenant sur un rail un peu stratégique ou par thématique les débats.
Globalement, on peut dire que le Mouvement Nuit Debout est franchement trollé dans les grandes villes par l'extrême gauche - que je distingue de la gauche radicale dont je fais assurément partie - mais les échos que j'ai s'agissant des plus petites villes est plus optimiste. Il y a un énorme amateurisme sur la gestion des cortèges et occupations de place, mais pas mal de bonnes volontés tout de même.
Je pense qu'il faut y aller en dépit des difficultés et profiter de cette mobilisation pour faire un peu de pédagogie populaire, voire troller directement les trolls d'extrême gauche en se montrant plus obstinés et intelligents qu'eux. C'est ce que je tente de faire, et je serai d'ailleurs à Draguignan durant le courant de la semaine prochaine avant de partir sur d'autres villes.
J'aurai l'occasion d'exprimer de vive voix mon expérience et mon analyse du Mouvement Nuit Debout sur Mumble où j'étais invité par des membres de "la Voix du Peuple", mercredi 25 Mai prochain pour ceux qui souhaitent en savoir plus, et au passage connaître mes réels travaux portant sur le droit de résistance à l'oppression et le crime de haute trahison du point de vue du droit pénal.
Il faudra cependant prendre contact sur facebook avec l'un des gestionnaires du serveur pour obtenir les logs (ils filtrent pour éviter les trolls apparemment) :
https://www.facebook.com/christian.surmely.5Avec mes amitiés résistantes à tous,
Sylvain