Jacques Sapir publie aujourd'hui son analyse des conséquences économiques des sanctions sur les pays de l'UE.
Sanctions qui n'ont à son avis que très peu de chances d'aboutir (le ratio historique de réussite de telles sanctions étant très mauvais), surtout vu "l'asymétrie" d'un moyen d'action censé imposer un arrêt
immédiat de l'invasion de l'Ukraine, alors que la substitution des importations d'hydrocarbures russes n'est réalisable que dans un délai de 5 à 10 ans.
L'économiste nous donne son estimation du calendrier de la prochaine récession en Europe, des troubles sociaux imminents, et anticipe à plus long terme un ralentissement et un retard industriel de tous les pays de l'UE
Une faute stratégique européenne : la question des sanctions et de l’énergie – Jacques SapirExtrait:
Il est donc très probable que la situation va continuer à se dégrader entre l’UE et la Russie et que les exportations russes de produits énergétiques vont continuer à se réduire. Mais, est-ce supportable ? L’hypothèse « défavorable » retenue par les collègues de l’INP-RAN pour le gaz, et que j’ai mentionnée dans le tableau 2, serait une catastrophe pour plusieurs pays, et en particulier pour l’Allemagne et l’Italie. Et le gaz n’est pas le seul en cause. Le pétrole, les produits pétroliers – comme le gazole, nécessaire au transport routier et au chauffage – sont en cause. Au-delà des protestations d’unité et d’attachement aux règles communes de l’UE, il faut voir les choses en face.
Même avec une socialisation des diverses réserves d’énergies entre les pays de l’UE, il faudra rapidement savoir dès l’entrée de l’hiver qui des consommateurs ou des producteurs supportera le choc d’une restriction de l’offre d’énergie qui n’est pas immédiatement substituable. Si l’on se décide à aider l’industrie, autrement dit les producteurs, les coupures affecteront gravement la population et risquent de provoquer de forts mouvements sociaux. Si l’on se décide à aider les consommateurs, certaines branches se verront dans l’incapacité de fonctionner, si ce n’est à bas régime, l’hiver qui vient. Cela aura des conséquences économiques importantes, provoquera une baisse de la production et, en retour, les salaires baisseront ce qui ne sera pas bien supporté par une partie de la population surtout en période d’inflation.
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