La Réserve fédérale des Etats-Unis a pris des mesures vendredi pour créer des mécanismes pouvant lui permettre à terme de retirer les milliards de dollars injectés dans l'économie pendant la crise.
Le conseil des gouverneurs de la Fed a autorisé une facilité de dépôt à terme, similaire aux certificats de dépôts que les banques proposent à leurs clients qui pourrait être utilisé par la Fed pour verrouiller les liquidités en excès.
Dans un communiqué, la banque centrale précise que le développement de cette facilité "est une question de planification prudente et n'a pas de conséquence pour la conduite à court terme de la politique monétaire".
Par ailleurs, la Fed de New York a publié des consignes sur son site web pour pouvoir tester à l'avenir des accords de rachats inversés. Dans un accord de rachat normal, la Fed accord des prêts contre nantissement à des emprunteurs, ajoutant ainsi temporairement des réserves dans le système bancaire, alors qu'un rachat inversé draine au contraire des liquidités.
C'est très technique j'en conviens, mais qu'est ce que cela signifie concrètement ?
Que la Fed se prépare à retirer des marchés tout ou partie des liquidités injectées depuis le début de la crise.
Pour quelle raison ? Selon la Fed, "faire en sorte que la reprise économique ne s'accompagne pas d'inflation".
Mais cette explication ne tient pas, elle est en effet contradictoire avec tous les actes et discours de la Fed...
La Fed ne croit pas à l'inflation. Etrange puisqu'elle en est la principale responsable et a décreté depuis mars 2006 la non-publication des stats concernant l'aggrégat monétaire M3 (principal indicateur d'inflation).
La Fed, et son patron Helicopter Ben en tête, a toujours déclaré ne craindre que la déflation. Pourquoi se soucierait-elle aujourd'hui d'un risque inflationniste ?
L'explication est simple. La Fed anticipe la possibilité de sa propre faillite... En se dotant depuis aujourd'hui d'outils lui permettant de retirer à tout moment les liquidités dont elle a si généreusement abreuvé les banques pour continuer à spéculer sur les marchés financiers, elle espère trouver un moyen d'exorciser le seul risque qu'elle craigne vraiment : celui de sa propre faillite.
La réalité est en effet que le rythme des faillites de banques sous supervision de la Fed s'accélère depuis quelques mois, et qu'en même temps la Fed est devenue par manque d'appétit des investisseurs étrangers l'un des principaux acheteurs de bons du Trésor US.
Coïncidence ? LA FDIC, organe de la Fed et équivalent de notre Fonds de garantie des dépôts, accuse ce jour même une perte de plus de 7 milliards suite à la faillite de 7 banques américaines.
Pour les prévisionnistes du LEAP, dans leur dernier bulletin, la Fed se trouve dans une situation dangereuse du fait de la structure de son bilan (actifs toxiques récupérés aux banques, notamment les titres hypothécaires MBS pour plus de 50% du bilan). Une remontée des taux serait fatale à la Fed puisqu'elle se retrouverait obligée de financer ces prêts hypothécaires à des taux supérieurs à leur rendement. Et contrairement au discours officiel, la Fed a perdu sa capacité à maîtriser l'évolution des taux au profit des marchés.
La conséquence d'une telle situation serait l'obligation pour le Trésor US de recapitaliser la Fed et donc de la mettre sous tutelle.
D'autre part, la situation d'acheteur de plus en plus unique pour la Fed des bons du Trésor US constitue selon LEAP "un risque majeur pour la banque centrale américaine puisqu'elle risque désormais à tout moment de voir se dévoiler le fait qu'elle participe activement à la monétisation de la dette américaine, une réalité qui est porteuse d'un effondrement de la valeur des bons du Trésor US et du Dollar."
